J'aime les oignons... partout, crus dans les salades, cuits dans les gratins, grillés dans les plats d'hiver...

Alors chic chic, ça me fait une bonne réserve d'épluchures, puisque c'est de teinture dont on parle ici,

et non point de cuisine!!

C'est le matériau à tout faire en teinture, l'épluchure d'oignon! Ateliers avec les enfants, animations pour le public, pratique parce que on peut tout teinter avec lui, laine, soie, coton, et en plus, sans mordant préalable!

Selon les quantités d'épluchures ou de laine, on a des orangés plus ou moins foncés avec les épluchures d'oignon jaunes. On peut aussi jouer avec les modificateurs, fer ou cuivre, sans trop polluer...

Il est amusant également de ficeler les pièces de tissu, l'oignon joue volontiers au shibori

Je collectionne actuellement des tas de pièces aux motifs divers, je les installerai avec des pièces unies

pour inventer un patch cet hiver au coin du feu...

Mais il ne faudrait pas oublier l'oignon aux pelures violettes, il a son intérêt lui-aussi

Alors... à vos casseroles !!

Je pense que tout le monde ayant goûté aux joies de la teinture végétale a un jour tenté la teinture aux feuilles de bouleau, non? Facile, il y en a partout, des bouleaux.....

Ce printemps, après avoir déjà teinté aux feuilles de bouleau: de la laine, des échantillons de soie et de coton, tous mordancés à l'alun mais cuits dans un récipient neutre, en l'occurrence un faitout en fonte émaillée, j'ai décidé ce jour là de faire un essai en cuisant mes feuilles dans ma grande casserole en cuivre.

Petit tour au jardin pour attraper quelques branches trop envahissantes et je rentre "éplucher" tout ça tranquillement dans la maison. Je remplis ma casserole de feuilles bien tendres, je mets à cuire... et au moment d'aller jeter les résidus des branches, je me pose soudain une question en voyant tous les chatons qui y sont restés accrochés: "Et les chatons, ça teinte aussi???"

Qu'à cela ne tienne, le meilleur moyen pour le savoir, c'est d'essayer!!

Me voilà de nouveau à "dépiauter" ce qui reste de mes pauvres branches de bouleau, et je récupère une belle quantité de ces petits chatons, que je mets à cuire, eux, dans mon autre casserole à teinture, la casserole neutre!

Ensuite, mise en chauffe dans chacun des deux récipients d'échantillons de laine, soie et coton... Dès le début on s'orientait vers une gamme plutôt verdâtre dans le jus des feuilles et une couleur beige saumon dans la décoction de chatons.

Après refroidissement, cela s'est confirmé et c'était tout de même intriguant de constater que sur les mêmes branches, à quelques cm les uns des autres, on pouvait trouver des pigments colorants aussi différents!

Avec de ces surprises là, l'aventure tinctoriale moi, j'adore!! 

Dans d'autres compagnies médiévales, j'avais croisé des têtes de loup, tissées sur les galons des vêtements. Depuis, je n'avais eu qu'une envie, c'était de les reproduire!

Me voici donc à réfléchir devant du papier quadrillé, tentant de griffonner une grille qui pourrait marcher pour que l'on comprenne une tête d'animal... Premier essai, je tisse quelques têtes, et je constate qu'il y a quelque chose qui cloche, mon loup a la tête trop aplatie!!

Pas bien courageuse pour retirer tout l'ouvrage du métier et recommencer un enfilage complet en rajoutant des cartons, je décide de tenter l'aventure en rajoutant deux cartons directement sur le métier monté.

Je rajoute donc deux cartons tels que je pense qu'il faudrait faire pour allonger la tête du loup, et je reprends mon essai de tissage 10 cm plus loin.

Bingo, en hauteur cette fois on est bon, mais question embonpoint, mon loup a dû manger beaucoup de petits lapins, il a de trop grosses joues!! Je reprend donc mes tentatives directement sur le métier, je coupe les fils noirs par derrière et les remplace par des fils clairs, et voilà un loup qui finalement a une bonne tête, regard dur et gueule aux mâchoires serrées!

Essai concluant donc, ce motif mis au point m'a permis de réaliser un galon avec des laines teintées brou de noix pour le marron et fleurs de coréopsis pour le jaune-roux:

D'après ce que j'avais pu en lire sur divers sites, le MIssed-Hole est une technique de tissage aux plaquettes avec certains trous laissés à vide, sur les plaques qui en comportent 4. Il y a des motifs à 3 trous, à 2 trous...

J'ai réalisé quelques expériences en laissant 2 trous à vide, cela permet un tissage moins épais si l'on a de la laine assez grossière. Les laines brutes que j'avais sous la main étaient filées trop gros pour tisser des galons étroits en 4 fils par cartons. Tout en laissant 4 fils sur les 2 cartons de lisière, j'ai essayé plusieurs grilles de Missed-Hole, histoire de comprendre ce qu'on pouvait en espérer...

laines naturellement écru ou marron:

Autre motif :

laines naturellement écru ou marron :

Encore un autre essai :

laines naturelles, et laine teintée aux crosses de fougères:

Divers essais laines teintées bouleau, fougère, échalotte, coréopsis... :

Quelques enluminures, gravures ou tapisseries nous présentent des dames du Moyen-Age en train de tisser des galons avec des plaquettes. Les métiers étaient grands, posés au sol, et il semble que l'on travaillait dans une position très différente que celle que nous utilisons, nous, tisserandes du week-end médiéval...