Quand je suis passée devant des talus couverts d'isatis tinctoria en fleur, je n'ai pas pu résister à en cueillir une brassée!

L'occasion de tenter une chose que je n'ai pas encore réalisée, une teinture en dégradé.

En premier lieu, patience pour hacher menu toutes ces petites feuilles le long de la tige. J'ignore si la tige contient aussi de l'indigotine, alors comme je n'ai rien pour la hacher, je l'envoie au compost.

Je prépare la cuve, tandis que la mousse se résorbe, je prépare aussi le vêtement que je vais tenter de teindre en dégradé. Il s'agit d'une tunique en lin blanc, et comme je voudrais conserver l'encolure en blanc, je le couds autour d'un bambou pour pouvoir plonger le vêtement dans le bain, mais pas son col.

Lorsque c'est prêt, j'installe deux chaises de chaque côté de ma cuve, je vais essayer de tremper par niveaux mon vêtement déjà mouillé, j'espère que la teinture va fuser entre les niveaux pour créer un dégradé fondu...

Premier niveau, les bâtons reposent sur les barreaux sous la chaise, deuxième niveau, sur l'assise de la chaise, puis sur les premiers barreaux du dossier... J'ignore totalement combien de temps laisser chaque niveau, je voudrais quelque chose de très doux, de très tendre, alors je ne trempe que 4 à 5 minutes avant de bouger mon bâton.

Voici ma tunique sortie du bain, en train de laisser dehors s'oxyder sa couleur... elle n'est pas rincée et elle conserve une couleur jaunâtre qui va s'en aller au rinçage.. mais j'aurais bien aimé aussi !

Pendant ce temps j'ai trempé des foulards de soie dans ma cuve, et je découvre qu'ils prennent nettement mieux la couleur que le lin de la tunique!

Puis j'ai rincé tout les textiles, et j'ai découvert mon dégradé qui, en teintant ainsi par paliers, n'est pas si fondu que ça.

Une autre fois, je vais essayer de prendre le courage de lever peu à peu le bâton à la main, pour qu'il n'y ait pas de marques comme je le vois sur cette tunique. Mais si on les remarque beaucoup lorsqu'elle est mouillée, elles sont moins visibles une fois la tunique sèche. Un peu au hasard, j'ai finalement assez bien réussi mon expérience, une tunique au bleu délavé et deux foulards aux couleurs très douces et très agréables.

Sur certains talus de mon secteur, j'ai repéré depuis plusieurs années déjà que des plants de pastel

se ressèment au fil du temps. Les plantes se développent moins que dans le jardin,

souffrent parfois de la sécheresse, ou des fauchages intempestifs.

Mais si leurs feuilles sont plus petites et moins nombreuses, il me semble

qu'elles contiennent bien autant de pigments sinon plus !

C'est la deuxième fois que je tente une cuve exclusivement à partir de ces feuilles sauvages.

J'avais environ 800 gr de feuilles, pesées après un jour de semi-séchage, une fois découpées en petits morceaux.

L'idée de base était de faire une sur-teinture pour faire virer au vert un écheveau de laine déjà teint en jaune avec des feuilles de figuier, et une petite quantité de soie teinte elle, en beige clair, je ne sais plus avec quoi......

Satisfaction, cette cuve m'a permis cela et même plus !

Le bain étant encore bien actif, j'ai pu tester plusieurs autres échantillons,

laine mèche pour feutrer, différents tissus de lin, laine ou coton...

Avec seulement 800 gr de feuilles, un petit sac quoi...

eh bien finalement, on peut jouer avec pas mal de choses!

Je vais réfléchir à construire des projets et préparer des fibres pour la prochaine cuve,

juste laisser le temps aux plantes de se refaire des feuilles sur le bord de la route!!!

Mais il a plu, donc c'est bon signe !!!

Hiver, brouillard, et feu dans la cheminée...

La période idéale pour tranquillement replonger dans les préparations colorées faites à l'automne.

J'ai en stock une belle quantité de la même laine, teinte dans une dizaine de tons qui se marient tous ensemble.

C'est tentant d'explorer différentes manières de les combiner dans une bande tissée.

Premiers essais en tissage au peigne, et aux plaquettes.

Cette fin d'été, j'ai relancé mes petites expériences tinctoriales, dans le but de préparer des écheveaux

pour les futurs galons aux plaquettes que je tisserai cet hiver au coin du feu !

J'avais récupéré plusieurs bobines de fil de laine claire assez fine, qui je pense se tissera sans souci.

J'ai préparé plusieurs écheveaux et j'ai mordancé tout ça avec de l'alun et de la crème de tartre.

Après, au gré de mes balades dans la campagne environnante, je me suis laissée séduire par ce que la nature m'offrait.

J'ai commencé avec de la tanaisie sauvage trouvée en bordure de route dans la forêt.

Deux écheveaux, dont l'un que j'ai passé au fer en post bain.

Ensuite, j'ai rencontré le sureau yèble qui me tendait ses grappes de fruits en bordure de nationale.

Je les ai mises en chauffe dans un peu d'eau de pluie, comme pour des confitures de baies,

juste pour les faire 'crever' comme on disait chez nous!

Et puis j'ai laissé ça dormir et fermenter un peu pendant 2 jours.

Après seulement, j'ai cuit pour préparer mon bain de teinture, et comme la couleur était assez dense,

j'ai tenté un deuxième bain, lui aussi, assez sympa...

Après, j'ai encore réalisé d'autres teintures avec les végétaux rencontrés en cette fin d'été,

mais en cherchant à élargir et compléter ma palette de couleurs en vue des tissages...

Il me fallait des teintes claires et d'autres bien tranchées, sinon, aux plaquettes,

on ne reconnaît pas les motifs s'ils ne sont pas assez contrastés.

Alors, jaune feuille de figuier, ou roux d'oignon et de noix... voici donc une palette automnale!

Une jolie surprise parmi tout ça, la renouée du Japon, envahisseuse catastrophique,

pourrait bien avoir affaire à moi à d'autres reprises, car elle propose une jolie couleur dorée très agréable...

Là je l'ai cuite dans ma bassine en cuivre, faudra que je réessaie avec d'autres méthodes et que j'explore ses possibilités!!!

Une amie avait une vieille peau de mouton, achetée marron foncé, mais devenue on ne sait par quelle mauvaise farce

d'une couleur rose peu adaptée à son usage d'évocation historique sur un camp médiéval.

Sans doute teintée à l'origine en marron foncé avec des molécules chimiques, le soleil l'avait peu à peu délavée

jusqu'à lui donner cet aspect de fausse peluche peu avenante...

Partant du principe que nous n'avions rien à perdre, j'ai donc tenté de rendre service à mon amie

en essayant de lui redonner une allure plus utilisable pour elle.

En premier lieu, la fourrure étant sale, un petit lavage en machine avec une lessive douce, sur programme laine.

J'avais déjà expérimenté ça sur ma propre peau de mouton, c'est impeccable,

du moment qu'on laisse ensuite sécher à l'ombre.

J'avais préparé la veille un bain de teinture aux noix vertes, coupées en petits morceaux,

macérées une nuit dans mon récipient d'eau de pluie, puis bouillies pendant une petite heure.

Une fois sortie de la machine à laver, j'ai donc mis à tremper la peau de mouton dans mon récipient de bain de teinture.

Je l'ai laissée trois jours dedans, à température ambiante, en venant la tourner et la retourner régulièrement

pour essayer de ne pas trop avoir de zones irrégulières.

Ensuite, je l'ai sortie du bain, et rincée plusieurs fois à l'eau de pluie.

Puis mise à sécher sous un bâtiment à l'ombre, sur un séchoir avec la peau en dessous et la fourrure en dessus.

Je m'étais dit que le cuir sécherait ainsi plus lentement, et qu'il aimerait mieux ça...

et que la fourrure ne serait pas marquée par les barres du séchoir.

Résultat plutôt convaincant même si quelques taches ne sont pas parties:

Elle est redevenue toute douce, on dirait un petit ours!

Je suppose que si j'avais mis plus de noix, j'aurais pu avoir une teinte plus foncée...

Mais déjà, je suis contente de voir que la teinte végétale a pu prendre

sur cette précédente teinte chimique rose dont j'ignorais la teneur.

Comme quoi... il faut toujours tout essayer... surtout si l'on a rien à perdre!!