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Par fille du vent le 27 Mai 2016 à 10:53
Indigo, pastel... le rêve de bleu vient toujours un soir aux casseroles des teinturières!
Il n'a pas manqué de courir dans un coin de ma tête dès le début de mes expériences tinctoriales.
Mais si cultiver les pieds de pastel n'avait posé aucun souci particulier, en extraire le précieux pigment bleu
m'a donné du fil à retordre les premières années.
Livre après livre, recherche après recherche, je peux enfin considérer que je sais à peu près comment faire,
et me voilà donc à continuer mon chemin, avec des nuances de bleu dans ma besace.
Cela commence au jardin:
Les feuilles une fois haché-menu, je les plonge dans un bain d'eau bouillante,
et je les laisse infuser durant une dizaine de minutes
(Merci aux bloggeurs qui généreusement ont pris la peine d'expliquer ce procédé en détail sur leurs sites!)
Les feuilles restent ainsi dans ce bain qui descend peu à peu à 80°, puis on le met à refroidir rapidement
en trempant la casserole dans une cuvette d'eau très froide, eau que l'on change plusieurs fois...
il faut atteindre les 55° en 5 minutes, pour conserver le bleu.
Là, on filtre, en enlevant les résidus de végétal, qui peuvent aller dormir au compost.
Le jus est marron-verdâtre, on lui ajoute une proportion de carbonate de sodium,et on laisse reposer le temps que ça se dilue.
Voilà ensuite le premier moment magique, il faut fouetter le liquide pour l'oxygéner...
La mousse qui se forme est bleue!
Quand la mousse change de couleur, après une dizaine de minutes de battements, on laisse reposer.
Cela prend un assez long moment pour que la mousse disparaisse, mais peu à peuon voit s'approcher le moment où le bain sera prêt pour la teinture.
Une dose d'hydrosulfite plus tard, voilà le bain de teinture prêt à être utilisé.
Les fibres que l'on y trempe doivent avoir préalablement baigné une dizaine de minutes dans de l'eau chaude,
on les insère doucement dans le bain, et on les y laisse patauger...
Leur sortie est spectaculaire!
Ce printemps, au gré des différentes sessions de teinture, j'ai testé différentes textures de laine,
de la soie, de la ramie, du coton... J'ai aussi testé des sur-teintures ( laines préalablement teintes en jaune avec de la gaude ou du sophora) pour obtenir des verts lumineux...
Et avec le fond de cuve, histoire de ne pas "déprofiter" comme on dit chez nous,
un peu de shibori sur des foulards de soie...
Décidément, la vie est belle en bleu...
Je crois que je vais ressortir les bouts de bois flottés pour monter un nouveau cadre...
Le tissage instinctif me démange !!
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Par fille du vent le 6 Février 2016 à 15:17
J'ai passé quelque temps à cuire de multiples marmites avec 100 grammes de bois de campêche,
acheté en copeaux,
qui semblait inépuisable de bain en bain... !
Avec des écheveaux de laine mordancés alun + crème de tartre,
j'avais accumulé ainsi une belle quantité de matériau à tisser, attendant leur heure....
Et puis cet automne, au hasard des rencontres, je croise un luthier, facteur d'archets, qui travaille le bois de pernambouc.
Il m'a généreusement donné le petit tas de copeaux tombés dessous sa table de travail, et j'ai vite repris le chemin de la cuisson des teintures.. Là aussi, comme pour le campêche, la couleur semblait inépuisable, et j'ai pu teindre également pas mal d'écheveaux de laine de textures variées, mordancés comme d'habitude à l'alun et à la crème de tartre.
C'est en les regardant rangés non loin les uns des autres, que j'ai eu envie de les mêler en un même tableau.
Et mes doigts ont repris le chemin du tissage vagabond, de l'inspiration sensitive,
dans un nouveau cadre en bois flotté fait-maison.
Point d'incrustations de bois ou de graines cette fois-ci, mais une incrustation de petits galets descendus de l'Ouvèze, avec des reflets argentés qui donnent un éclat particulier à leur installation dans ce paysage imaginaire.
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Par fille du vent le 28 Décembre 2015 à 15:54
Cette année, j'ai choisi d'offrir autour de moi un petit cadeau issu de mes apprentissages de teinturière.
Avec les belles étamines de laine tissées à Pélussin par Bernard Oriol, j'ai préparé des foulards.
Dans mes stocks de plantes séchées l'été dernier, j'ai choisi en fonction des personnes à qui j'allais offrir l'écharpe.
Achillée, noix de galle, oignon, oeillet d'Inde, millepertuis, avocat... de quoi préparer une palette de couleurs variées,
sans oublier la cochenille ramenée de l"île de Lanzarote pour une gamme de roses flamboyants.
J'ai préparé chaque foulard, minutieusement découpé dans le droit fil de la pièce d'étamine, en lui effilochant les bordures sur un centimètre afin de ne pas avoir besoin de faire d'ourlet et de lui garder toute sa souplesse.
Ensuite, je les ai mordancés deux par deux dans mon fait-tout en inox, avec de l'alun et de la crème de tartre.
Jour après jour, je cuisais un bain de plante, et le laissais refroidir.
Avant de mettre en cuisson les écharpes, je préparais un léger décor en les serrant à l'aide de cordes de coton
pour créer au final un effet de rayures.
C'est ainsi que petit à petit, semaine après semaine, l'automne a vu ma pile de cadeaux monter peu à peu,
jusqu'à enfin avoir réuni de quoi en offrir à tout mon petit monde.
J'en ai quand même gardé une pour moi !!!
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Par fille du vent le 7 Septembre 2015 à 15:05
C'est toujours sympa de montrer aux gens sur un campement médiéval, comment se passe une opération de teinture.
Le feu, ça plaît, même si ça fume un peu, et puis j'aime beaucoup les réflexions des gens devant cette tambouille inhabituelle. En l'occurrence ce jour là, à Bourdeaux, dans la Drôme, le bois qu'on nous avait fourni n'était vraiment pas sec, et j'ai eu toute les peines du monde à faire tourner ce feu et à obtenir l'ébullition... mais quand on n'a pas la puissance, on a la patience, et s'il a fallu trois heures au lieu d'une, les opérations ont bien marché quand même.
Dès le matin, allumage du feu, et découpe des feuilles de figuier fraîches en petits morceaux.
Durant toute la matinée, le chaudron a frémi, les feuilles ont peu à peu donné leur couleur au bouillon, et moi, je causais avec le public d'histoires de teinture et de bouts de laine tout en touillant de temps en temps ma mixture.
"C'est la soupe pour ce soir?..."
Bon c'est vrai que d'habitude, sur le campement, y a le cuistot qui en effet prépare de bons petits plats au chaudron... mais là non. Pas question de manger ça!!!
L'après-midi, après avoir filtré le bouillon et enlevé les résidus de feuilles cuites, c'était reparti pour une nouvelle cuisson laborieuse avec du bois toujours aussi vert...
Et là, nouvelles questions : "Vous cuisez des spaghettis?...."
Faut dire que dans l'eau, au milieu des bulles du bouillonnement, on dirait bien des pâtes qui cuisent, mais décidément non, on ne mangera pas ce qu'il y a dans mon chaudron!... non mais...!
Allez, je vous l'avoue, on a quand même mangé quelque chose!
Une fois ce feu en plein effort, on lui a proposé de garder quelques forces pour cuire des oublies au miel... miam!
Il a fallu être patient, mais... y en avait quand même une pour chacun!!!
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Par fille du vent le 18 Juin 2015 à 11:24
Le week-end dernier, j'étais invitée à Vanosc, petit village ardéchois, pour présenter les teintures végétales dans le cadre d'une fête de la nature qui comprenait pas mal d'autres animations.
La question s'était posée d'imaginer intégrer un atelier pour les enfants au sein de cette journée. J'avais vu que dans le livre de Michel Garcia, il était expliqué comment faire des encres végétales, me voici donc partie dans l'aventure !!!
J'ai d'abord préparé des jus de pelures d'oignons et de noix vertes (+ alun) pour avoir des encres marron et orange.
Puis j'ai suivi les explications du livre pour faire quatre encres avec du jus de chou rouge. Les conseils étaient simples à suivre, et j'ai extrait le jus de mon gros chou rouge, puis l'ai réparti dans quatre pots différents. Comme indiqué, en rajoutant du jus de citron dans l'un, j'ai obtenu une belle couleur rose fuchsia, en versant de l'eau de cendres dans un autres, j'ai vu apparaitre un très joli vert, et le dernier a viré au bleu-violet en recevant des copeaux de savon. J'étais donc armée pour occuper les enfants durant la journée d'animation (qui fut très pluvieuse!!!)
Décidément, les jus de chou ont eu un gros succès, tout le monde a voulu essayer, même les adultes!
Et beaucoup sont repartis avec les explications pour en refaire à la maison!
Et pendant que les enfants dessinaient, les visiteurs pouvaient découvrir les différentes tables sur lesquelles j'avais présenté plusieurs facettes de la teinture végétale, avec échantillons, plantes, et réalisations en laine teinte.
Tout le monde avait l'air content, il y a même un bel article sur le site de la mairie :
http://www.vanosc.fr/COULEURS-ODEURS-SAVEURS-et.html
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