Dans tous les livres ou les articles sur la teinture au pastel, il est écrit qu'il ne faut utiliser que les feuilles larges de la plante Isatis Tinctoria, lorsqu'elle est encore en forme de 'salade'...

Que les petites feuilles transformées le long de la tige lorsque la plante monte à fleur ne sont pas utilisables.......

Bon !

Moi, j'avais le jardin envahi de plantes de pastel qui s'étaient développées depuis l'année dernière, et il fallait bien retrouver un semblant de place pour les futurs plantations potagères de l'année en cours!

Alors j'ai arraché ce qui me gênait, et j'ai récupéré les plus belles feuilles le long des tiges.

Après tout, je n'avais rien à perdre!

Et pendant le procédé d'extraction habituel du pigment, les petites molécules bleues sont bien apparues!

C'est toujours un tel bonheur de voir peu à peu apparaître ces pigments bleu si attendus.

En laissant ensuite reposer, il était clair que, feuilles du bas, ou feuilles de la tige montée à fleurs, tout le monde porte en son sein ce bleu que l'on attend. Et avec la sécheresse de cet hiver, sans doute plus que d'habitude!

J'ai laissé cette bassine reposer une nuit, puis j'ai monté une cuve à l'hydrosulfite.

Dans le bain, la laine brute se gorge peu à peu des molécules d'indigotine

Et une fois sortis, oxydés et rincés, les écheveaux ont bien tourné au bleu !!!

Comme quoi, il ne faut pas hésiter à tenter, il y a bien également des molécules permettant le bleu,

dans les feuilles des tiges montées à fleur !

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Lorsque j'ai commencé à découvrir la teinture végétale, j'avais un stock de laine naturelle détricotée, récupérée il y a des années de ça ... Petites boules bien enroulées, qui dormaient dans un coin de la maison. Bien à point pour faire des essais, des cuissons de différentes plantes, avec différents mordants, etc

Petits écheveaux préparés pour chaque tentative, bien trop peu pour imaginer en faire un ouvrage !

Et ils se sont accumulés dans un panier, jusqu'à ce que récemment je me pose la question de les utiliser.

Ils n'avaient même pas tous l'indication de la plante utilisée ni de la recette, j'ignore donc quelle sera leur tenue dans le temps, mais cela m'a amusée de les mélanger pour faire un gilet d'automne...

On verra bien comment cela vieillira à la lumière, mais là, dans le soleil bas de cette saison, les tons se mêlent en une belle harmonie douce et apaisante.. Un gilet chaud pour me rappeler toutes ces belles expériences de sorcière !!

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Profitant des dernières feuilles de pastel au jardin avant qu'il ne monte en fleurs, j'ai eu envie de tenter une teinture sur tissus damassés anciens, histoire de voir comment la lumière pouvait ensuite jouer avec les ombres et lumières des étoffes.

J'ai utilisé un reste de nappe et des serviettes de table anciennes.

Le reste de nappe était destiné à recouvrir un coussin, et les serviettes ont été coupées et cousues pour créer un petit gilet sans manches, tout léger pour être porté l'été sur une chemise en lin blanc.

Après une petite cueillette sur les pieds de pastel qui avaient poussé spontanément dans les recoins de mon jardin,

j'ai procédé à l'extraction du pigment bleu...

C'est toujours magique pour moi, de voir le magnifique bleu du pastel apparaître peu à peu lorsque la mousse se résorbe!

Ensuite, j'ai monté la cuve et j'ai teint les pièces de tissu.

Il se dit que l'on ne devrait pas utiliser les feuilles de pastel lorsqu'il est en train de monter à fleurs, mais

c'est la deuxième fois que je tente l'expérience, et je trouve qu'il y a beaucoup de pigment encore !!

Le vêtement sorti de la cuve en train de sécher, avait presque le bleu du ciel

Evidemment, une fois sec, l'intensité du bleu n'est plus la même, mais je suis très contente

de cette expérience, j'aime beaucoup le rendu sur les tissus damassés!

Cela fait maintenant plusieurs années que je fais des essais de teintures, et à force, j'ai accumulé des écheveaux teints de toutes épaisseurs et de diverses nuances... et en ce qui concerne les bleus, j'en ai un joli échantillonnage!

J'avais l'idée d'en faire quelque chose que je puisse porter, pour passer du temps avec ces laines si chèrement travaillées.

Mais en faisant mes essais sur des restes de pelotes, sur des bobines récupérées, je n'avais pas assez de matière dans aucun des domaines. Alors j'ai eu envie d'essayer un truc improbable: tricoter avec les grosses laines et les petites, les bleues claires et les bleues foncées, le tout dans un joyeux mélange pour un gilet sans manches décontracté.

Dans le même ouvrage tricoté d'un seul jet pour ce qui est du tour, sous les emmanchures, sur une aiguille circulaire, j'ai utilisé plusieurs grosseurs de laine... partant d'un principe selon lequel les plus grosses seraient tricotées avec des aiguilles en 6, et les plus fines, en doublant les mailles, seraient tricotées avec des aiguilles du 3.

Pour repasser au 6, tricoter deux mailles ensemble sur le 1er rang, etc......

J'ai joué avec les nuances de mes différentes teintures, avec les effets des laines ...

Et ça a donné un ouvrage bohème, qui me parle de mes plants de pastels au jardin, du trac à chaque fois quand je fais une extraction du pigment, du plaisir toujours renouvelé quand la mousse devient bleue à la surface de la cuve.

L'automne sera douillet cette année !!

Les gens du nord l'appellent naalbinding, cette technique est l'ancêtre du tricot ou du crochet que l'on utilise de nos jours

Après avoir trouvé comment filer la laine, la tisser.... nos ancêtres avaient créé un moyen de l'enchevêtrer avec une aiguille en os ou en bois, pour construire rang après rang, un travail circulaire qui leur permettait de se faire des chaussettes, des mitaines, des bonnets...

Cela fait plusieurs années qu'un ami m'avait fait des aiguilles en os, et que je désespérais de comprendre comment on mettait en oeuvre cette technique. Et voilà que cet été, je croise enfin quelqu'un qui pratique et qui peut m'apprendre!

   Un immense merci à Valène  

J'ai effectué quelques rangs à peu près réussis sur le camp, et ensuite, retour à la maison.

Je m'y suis remise dès le lendemain, avec quelques interrogations et doutes sur la position du fil, de l'aiguille, selon les séquences...... j'ai terminé ma mitaine tant bien que mal, et une fois finie, j'ai vu que j'avais fait une petite erreur ... !

Après le trou laissé pour le pouce, j'ai somme toute changé de point, en modifiant la place de la laine que je tirais...

Et comme j'aimais bien l'effet que ça donnait, j'ai fait la deuxième mitaine avec le même geste

Pour un premier projet, même imparfait, j'étais plutôt contente de l'aventure... d'autant que ce violet teinté avec du bois de campêche par mes soins, me plaît assez et réchauffera mes mains cet hiver sans honte

Mais du coup, j'ai voulu continuer l'exploration, et reprendre là où je pensais avoir fait une modification dans l'emplacement du fil que l'on tire... J'ai donc essayé une autre laine, plus grosse, et j'ai fait un bonnet

Emboîtant bien la tête comme un casque, ce premier bonnet m'a permis de bien saisir les mouvements à faire, la plus grosse difficulté étant toujours le rajout d'une aiguillée à l'autre...

Pour le coup, cette laine à deux brins tordus bien distincts s'aboutait plutôt bien, en les séparant puis les tressant avant de mouiller et rouler entre les paumes

Après, pour bien voir la différence entre les deux manières de tirer la laine, j'ai fait un autre bonnet, avec le geste que j'avais utilisé pour les mitaines. Avec le même type de grosse laine, ça permet de voir la différence, cela crée une ligne de motif en relief que je trouve plutôt sympa

C'est peut-être que c'est parce que c'est nouveau pour moi, et comme une enfant je m'émerveille de la nouveauté, mais je trouve cette technique à l'aiguille vraiment plaisante à réaliser... c'est calme et apaisant .

Et j'adore le rendu, rustique à souhait, qui permet de se projeter dans les temps anciens...

on m'a dit qu'elle avait été utilisée jusqu'au XVe siècle, avant d'être détrônée par le tricot et le crochet

Il fallait aussi que je tente le challenge de faire des chaussettes!!! :p

Voilà qui est fait!

Laine plus fine, laine plus grosse, laine en mêche, laine torsadée...

Je sens que je n'ai pas fini de m'amuser à explorer!!!

Tant mieux, l'hiver paraîtra moins long !!